Festival de l’Epiphanie de la Grue Baroque – Johann Sebastian Bach, Cantates pour le temps de Noël

Ce programme met en résonance trois œuvres de Johann Sebastian Bach, deux cantates et un concerto, autour d’un moment charnière du calendrier liturgique : le temps de l’Épiphanie.

Cette période est marquée par la tension entre l’obscurité hivernale et l’apparition progressive de la lumière divine. Elle offre un cadre idéal pour un parcours musical où l’attente, la consolation et l’exultation se répondent.

BWV 13 – Meine Seufzer, meine Tränen
Composée pour le deuxième dimanche après l’Épiphanie (20 janvier 1726), cette cantate donne voix à l’angoisse de l’âme encore plongée dans l’épreuve. Le Christ semble lointain, et le salut, différé. À travers une instrumentation épurée (hautbois da caccia, flûte à bec, cordes et continuo), Bach peint avec pudeur un paysage intérieur de souffrance. Les chromatismes poignants de l’aria d’ouverture, les silences pesants et les lignes mélodiques suspendues traduisent le désarroi de l’attente, mais aussi l’espérance fragile, entrevue dans les dernières mesures.

BWV 151 – Süßer Trost, mein Jesus kömmt
Écrite pour le matin de Noël 1725, cette cantate peut être relue à la lumière du cycle de l’Épiphanie comme l’annonce douce et intime de la lumière qui vient. L’aria d’ouverture, l’une des plus tendres de tout Bach, fait entendre une voix de soprano enveloppée par la flûte et un violon soliste dans une berceuse céleste. C’est la promesse de la présence du Christ, déjà là mais encore voilée, qui console et apaise l’âme meurtrie. Cette œuvre marque un tournant dans le parcours spirituel du programme, entre la plainte et la lumière.

BWV 1049 – Concerto brandebourgeois n° 4
Dans le prolongement de ce parcours vocal, le Concerto brandebourgeois n° 4 en sol majeur vient symboliser l’irruption de la joie. Son écriture festive et virtuose, centrée sur le dialogue entre le violon et deux flûtes à bec, résonne comme une transfiguration instrumentale du mystère de l’Épiphanie : celui d’une lumière qui se donne pleinement, sans réserve. Ce chef-d’œuvre orchestral apporte un contrepoint jubilatoire aux deux cantates, tout en prolongeant leur climat d’éveil intérieur.

Ensemble vocal et instrumental de la Grue Baroque (dir. Daniel Bacsinszky)